Lettre ouverte aux autorités de tutelle de l’hôpital de Ploërmel
Le collectif santé du Pays de Ploërmel s’est réuni jeudi 6 mai 2021 par visio conférence, en présence d’élus, de médecins hospitaliers, de médecins de ville et de citoyens, pour faire les constats suivants :
Avec la réduction des gardes de week end et de nuit en chirurgie et gynécologie à l’hôpital, depuis plusieurs semaines, pour des motifs de rationalisation gestionnaire, une ligne rouge a été franchie.
Les prises en charge de patients en situation d’urgence hémorragique ne peuvent désormais plus être assurées dans des conditions de sécurité, la nuit et le week end, dans les minutes qui suivent comme la situation l’exigerait. Cela supposerait une présence sur place 24 H sur 24 dans les environs immédiats de l’hôpital de chirurgiens et d’anesthésistes en nombre suffisant pour assurer les astreintes par alternance, par une équipe de chirurgiens et d’anesthésistes, comme c’était encore le cas il y a quelques années. Avec le système d’astreintes territorialisées qui signifie des astreintes à distance par des praticiens de Vannes, désormais la sécurité des patients en situations d’urgence, même si celles-ci sont exceptionnelles, n’est plus assurée. Leur pronostic vital peut être engagé s’il faut plus de 45 minutes pour les conduire à Vannes ou à Rennes pour une intervention.
Nous considérons donc qu’il y a désormais mise en danger de la vie d’autrui.
Nous, usagers du Pays de Ploërmel en milieu rural, avons droit aux mêmes prestations que ceux qui habitent en ville, et dans les mêmes conditions de sécurité.
Aussi nous réclamons dès à présent le recrutement de chirurgiens et d’anesthésistes affectés uniquement à l’hôpital de Ploërmel et résidant sur place, en nombre suffisant pour assurer le service d’astreinte relayée dans les meilleures conditions. Pour nous, c’est cela ou rien. Il est important que la population et les élus le sachent. Autrement, autant fermer tout de suite l’hôpital et les urgences.
Au vu de ce qui s’est passé à Dinan, Carhaix, Malestroit, des menaces qui pèsent sur la maternité de Guingamp, et de ce que nous rapportent les soignants des décisions prises récemment et sans concertation avec eux, décisions qui vont à l’encontre des propos rassurants de la Direction, nous ne pouvons avoir confiance en ce qui est dit, si les actes le contredisent.
Certains élus nous soutiennent, mais pas tous. Notamment le Président de la Communauté de Communes de Ploërmel, dont le soutien actif serait pourtant le bienvenu pour faire face aux dysfonctionnements du système de santé actuel, délétère et peut être un jour mortifère, qui est mis en œuvre par les autorités de tutelle. Nous souhaitons coopérer avec tous les élus pour la défense du Bien Commun.
Contrairement à ce qui est dit pour justifier l’absence de recrutements, nous pensons que notre territoire dispose de nombreux atouts afin d’attirer des candidatures de jeunes médecins, qui se sont d’ailleurs déjà manifestées : habitat moins coûteux, vie au calme à la campagne près de la forêt de Brocéliande, équipements sportifs et culturels, vie associative riche, circuits courts de distribution en produits biologiques, monnaie locale complémentaire, etc. Et la mer est à 45 minutes de route. Des jeunes médecins qui viennent d’arriver sur notre territoire s’y plaisent.
Des élus partagent notre inquiétude. Des soignants aussi, mais l’obligation de réserve leur interdit d’exprimer publiquement leurs souffrances et leur désapprobation. Si une situation d’urgence venait à entraîner le décès d’un patient, dû au temps de transport sur Vannes, selon les circonstances, nous tiendrons éventuellement ces autorités pour responsables.
Le collectif Santé