L’Hôpital aujourd’hui et demain (synthèse d’articles de presse)
Réflexions lues dans Le Monde Diplomatique du mois d’ octobre 2019 et avril 2020.
Les grandes lignes de la politique de santé sont autant définies par le ministère, que par les industriels de la santé. La santé est de plus en plus perçue comme un marché prometteur, un atout industriel: le développement de la télémédecine, de l’intelligence artificielle, de salles d’opération de très haute technologie (avec demandes en retour de redevances pour certaines start-up).
La politique de santé est de plus en plus élaborée à Bercy. Dans ce contexte, les professionnels de santé sont confrontés à plusieurs double-contraintes:
– contraintes budgétaires intenables/ tout en assurant une qualité et une sécurité des soins,
– suppression des budgets globaux/ augmentation du volume et de la nature des actes,
– tarification à l’activité/ mais baisse des tarifs lorsque l’activité augmente et mise en concurrence avec les clinique privées.
Avec ces nouvelles orientations de la politique de santé et ces choix d’économies budgétaires, il est plus difficile pour les professionnels d’assurer une vraie qualité des soins : la priorité est mise sur la technique au détriment de la relation au soigné. Pourtant, l’hôpital de demain, s’il sera hautement technologique, doit garder sa place de recours médical et social pour répondre à la diversité des demandes. Cela suppose de revenir à un budget global, évalué en fonctions des besoins définis par les professionnels et les représentants des usagers (tous les deux devant être inclus dans la gouvernance des établissements) pour aller vers un système de santé, centré sur la personne, ce qui inclut la prévention individuelle et collective. Une dégradation organisée du système sanitaire…
Avec la tarification à l’acte, on ne répond plus aux vrais besoins des soignés, on cherche à gagner des parts de marché, en augmentant l’activité rentable, tout en réduisant les coûts. C’est ainsi que depuis 2008, 8 millliards d’euros d’économie ont été imposés et on demande encore pour 2020 600 millions d’économie (ceci avant la crise du covid 19!). Dans le même sens, il y a une volonté de réduire le nombre de lits : en 1980, la France disposait de 11 lits d’hôpital pour 1000 habitants, aujourd’hui nous sommes à 6 lits (aux USA 7,9 lits en 1980, 2,8 lits aujourd’hui). Alors qu’il faut une structure hospitalière qui assume d’avoir en permanence des lits disponibles ( l’épidémie actuelle est là pour le démontrer).
Cela suppose de rompre avec cette rationalité du marché qui fixe un prix en fonction de l’offre et de la demande, méprise l’improbable, modélise l’avenir au moyens d’équations sans prendre en compte la réalité des besoins.
Des membres de « Citoyens, ça nous regarde ! »